Bernard Généreux a tenté de relativiser ce qui peut donner l’apparence d’une « division » au sein du Parti conservateur du Canada (PCC). Au lendemain d’un vote de confiance dont les résultats indiquaient clairement la porte au chef Erin O’Toole, le député de Montmagny-L’Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup reste convaincu qu’il y a possibilité de concilier les différentes visions au sein du PCC.
Il n’a pas voulu signifier s’il avait voté en faveur d’Erin O’Toole, pas plus que pour Candice Bergen qui a depuis été nommée cheffe intérimaire jusqu’à l’issue d’une prochaine course à la chefferie au Parti conservateur du Canada. Discret, Bernard Généreux s’est contenté de remercier le chef destitué et de féliciter Mme Bergen.
« C’est inédit une course au leadership et une campagne électorale en pleine pandémie. Erin et sa famille méritent tout notre respect. Ça n’a pas été facile », a déclaré Bernard Généreux.
73 députés conservateurs sur 118 ont dit souhaiter le remplacement d’Erin O’Toole comme chef du PCC, soit une proportion de 62 % du caucus conservateur, au terme d’un vote de confiance tenu le 2 février dernier. Né à Montréal et député de la circonscription de Durham en Ontario, Erin O’Toole était associé à l’aile plus progressiste du Parti conservateur du Canada, en témoigne le recentrage qu’il a tenté d’opérer à la formation politique lors de la dernière élection fédérale.
Le résultat pratiquement similaire à celui de 2009 obtenu lors du dernier scrutin fédéral et une exacerbation de la frange plus à droite du PCC face à l’étirement de la crise pandémique et les mesures sanitaires jugées coercitives à l’endroit des Canadiens seraient à l’origine de l’affaiblissement du leadership d’Erin O’Toole dans les derniers mois. La tergiversation dont il a ensuite fait preuve dans les derniers jours face à la venue du convoi de camionneurs devant manifester contre l’imposition de la vaccination aux camionneurs qui doivent traverser la frontière aurait précipité sa destitution.
Sur cette question, le député conservateur de Montmagny-L’Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup a bien tenté de nuancer, rappelant que son parti appuyait la cause des camionneurs, mais pas le convoi qui lui réclame en plus la fin des mesures sanitaires au pays. Pourtant, dès les premiers moments de son annonce, ce convoi avait bénéficié de l’appui de certains ténors du PCC, dont l’ancien chef Andrew Scheer, la nouvelle cheffe intérimaire Candice Bergen et le prétendant à la chefferie Pierre Poilièvre.
« Notre position a toujours été qu’on appuie les camionneurs, jamais le convoi ». Les photos de mes collègues avec des gens de leurs circonscriptions étaient avec des camionneurs, par des organisateurs du convoi », a insisté Bernard Généreux qui s’est dit en accord avec le maintien des mesures sanitaires actuelles en raison de la fragilité des réseaux de la santé, entre autres au Québec. Ils demandent néanmoins de la part des différents paliers de gouvernements de commencer à réfléchir à la phase endémique de la COVID-19, comme ailleurs dans le monde.
Division
Si les résultats du vote de confiance du 2 février laissent entrevoir une forte division au sein du Parti conservateur du Canada, Bernard Généreux a toutefois tenté de la minimiser. « La remise en cause du leadership d’un chef, c’est normal. Tous les partis finissent par passer par là », dit-il.
Né de la fusion de l’ancien Parti progressiste-conservateur de l’époque de Brian Mulroney, dont les bases étaient surtout présentes dans l’est du pays, et de l’Alliance canadienne fortement implantée dans l’ouest, le PCC actuel semble avoir de la difficulté à retrouver le chemin de l’unité depuis la défaite électorale de 2015 et de la démission de l’ancien premier ministre Stephen Harper qui a suivi. Bernard Généreux, qui avoue s’identifier davantage à la frange progressiste-conservatrice, et cela, depuis l’époque où Brian Mulroney a fait adhérer le Canada au traité de libre-échange avec les États-Unis, estime ne pas être si éloigné de la branche plus libertarienne du parti pour autant.
« L’avenir du Parti conservateur du Canada passe par le respect de ce qui nous unit. Il faut juste bien le définir et aussi prendre en considération que la démographie canadienne change, particulièrement dans les grandes métropoles, et qu’il faut adopter un message qui va plaire à notre base, mais aussi à l’ensemble des Canadiens. »
Concernant la prochaine course à la chefferie qui s’annonce, Bernard Généreux n’a pas voulu s’avancer sur un quelconque appui envers l’un ou l’autre des quelques prétendants actuellement évoqués. Il a simplement indiqué que le bilinguisme ou l’intérêt d’un aspirant-chef à améliorer sa maîtrise des deux langues officielles influencera certainement son choix.